Téléphonie mobile : L’OMS exclut l’un de ses experts pour cause de conflit d’intérêt
Communiqués de presseLe CIRC, laboratoire de recherche de l’OMS, installé à Lyon, a décidé, ce matin d’exclure Anders Albhom de son comité d’experts chargé d’une évaluation des risques de cancérogénicité pour l’homme des radiofréquences de la téléphonie mobile alors même qu’ une importante session de travail de ce groupe doit se tenir, à Lyon du 24 au 31 mai.
Pourquoi cette exclusion ? Parce qu’un conflit d’intérêt majeur concernant ce scientifique allait être révélé à la presse par nos associations, en France, par d’autres associations nationales dans d’autres pays, grâce au travail d’investigation d’une journaliste suédoise.
Celle-ci a fourni à Priartem des documents attestant une implication directe de celui qui était jusqu’à ce matin Président du groupe d’experts « épidémiologie » du CIRC, dans une activité de conseil auprès des entreprises de télécommunications.
Celui-ci, le professeur Anders Ahlbom, du prestigieux Institut Karolinska, Suède, bien connu des associations tant nationales qu’internationales pour ses positions de soutien sans nuance aux thèses des opérateurs, créait, au moment même où il remplissait une déclaration publique d’intérêt vierge de tout lien commercial avec les opérateurs, une société de conseil dont l’objet se définit comme suit dans le document administratif officiel de création : « La société mènera une activité de consultation dans les domaines suivants : affaires européennes, en particulier réglementation, spécifiquement dans les télécommunications, l’informatique, la réglementation environnementale et de l’énergie ainsi que dans les techniques médicales. »
Cette situation est totalement contraire aux règles exprimées par le CIRC, il y a quelques mois, pour motiver l’exclusion d’un scientifique allemand, Alexandre Lerchl : « une monographie du CIRC est un travail d’expertise qui requiert une complète indépendance vis à vis de tout intérêt commercial aussi bien que de toute posture partisane qui pourrait être perçue comme une position a priori « (lettre de Robert Baan et Vincent Cogliano, responsables respectivement de ce programme au CIRC et de la section « monographies » du CIRC)
Les associations Priartem et Agir pour l’environnement se félicitent de cette décision qui montre une volonté de l’OMS, après des scandales qui ont affaibli ses avis, de mettre en oeuvre des procédures d’expertise plus vertueuses et du même coup moins contestables.
Elles constatent, cependant, à la lecture de la composition de ce groupe d’experts, que, même si on note un effort d’ouverture et de pluralisme nouveau et louable, une fois de plus apparaissent les mêmes personnes qui, toutes férocement attachées à la thèse du déni de risque, comme l’était le Professeur Ahlbom, empêchent, par leur présence systématique au sein des différents groupes nationaux ou internationaux, le débat contradictoire de se réaliser. D’ailleurs, dans ce groupe d’experts figurent des personnalités françaises mises en cause pour leurs positions partisanes.
Elles soulignent qu’il est plus urgent que jamais que l’Organisation publie systématiquement toutes les déclarations d’intérêt et veille tout particulièrement à assurer le renouvellement des experts et la pluralité des approches.
Elles rappellent que Priartem est partie prenante de l’appel qui vient d’être lancé par la Fédération internationale des ONG spécialisées sur la question des radiofréquences et de la santé (IEMFA) pour une publication urgente de la seconde partie des résultats d’Interphone qui portent sur les neurinomes de l’acoustique et les tumeurs de la glande parotide et pour une présence des ONG comme observateurs du travail d’expertise.