Prix / Surcoût des produits bio en supermarché : une étude biaisée
Communiqués de presseComparer les prix des produits bio et conventionnels dans un supermarché revient à prendre d’un côté les prix bio les plus élevés, et de l’autre les prix conventionnels les plus bas ! Une telle démarche est hautement contestable, pour ne pas dire trompeuse voire manipulatrice. La seule comparaison valable consisterait à prendre en compte l’ensemble des lieux de vente alimentaire – et c’est bien les « paniers moyens » qu’il convient de comparer, et non un panier virtuel basé sur l’offre incomplète des supermarchés, déphasée de la consommation bio réelle.
En effet, les produits biologiques frais sont beaucoup plus chers en supermarchés, en raison de la nécessité d’un suremballage et d’un stockage séparé : cet important surcoût est absent des magasins bio spécialisés. S’il est vrai que les fruits et légumes conventionnels sont généralement moins chers en supermarché que dans les magasins spécialisés ou sur les marchés, le rapport est donc exactement inverse pour les fruits et légumes biologiques ! Par ailleurs, la gamme de produits biologiques proposés dans un supermarché fait la part belle aux produits emballés et aux plats préparés… alors que ces derniers sont bien moins fréquents dans le panier des consommateurs bio réguliers. Enfin, très peu de supermarchés offrent des produits bio en vrac, du fromage bio à la coupe ou une boucherie bio : les échantillons considérés sont par conséquent non-représentatifs de la consommation.
En fin de compte, l’étude de Linéaires prouve qu’il n’est pas avantageux d’acheter des produits biologiques en supermarché, et qu’il est plus intelligent de la part d’un consommateur de se tourner vers les réseaux spécialisés, dont le savoir-faire, le volume traité et l’absence de nécessité de séparer des stockages permettent des prix plus compétitifs et une offre plus large.
Enfin, comment parler du prix des produits alimentaires sans évoquer leur coût réel de production et des distorsions de concurrence qui pénalisent la bio ?
L’attribution des aides européennes défavorise les systèmes biologiques ou paysans, et c’est actuellement le contribuable qui prend directement en charge les coûts sanitaires et environnementaux de l’agriculture. Or, l’exemple de la ville de Munich prouve qu’il est plus économique de payer des paysans pour qu’ils produisent en bio… que de dépolluer l’eau a posteriori. Il est urgent de remplacer les coûts de dépollution par des aides aux agricultures écologiques, et de réformer en profondeur la Politique Agricole Commune, de façon à ce que l’alimentation reflète les coûts sociaux et environnementaux réels et globaux – où la bio revient en réalité moins cher à la collectivité. Agir Pour l'Environnement s'engagera prochainement dans un ensemble d'actions en ce sens, avec de nombreux partenaires.