Lettre ouverte à l’UMP - Nucléaire et emploi : Assez d'approximations !
Communiqués de presseVendredi 25 novembre 2012, le chef de l’Etat se rendra à la centrale nucléaire du Tricastin. Parallèlement, la majorité présidentielle en profite pour diffuser tracts et affiches laissant supposer que la fermeture de 24 réacteurs, prévue dans l’accord EELV-PS engendrerait la suppression de 400.000 emplois. Ces assertions prêteraient à sourire si elles n’avaient pas pour conséquence d’engendrer une polémique aussi vaine que stérile.
En réalité, les estimations d’Areva (dont on peut penser qu’elles ne sont pas sous-estimées…) font état de la suppression de 239.000 emplois directs et indirects pour une sortie totale du nucléaire (et non la fermeture de seulement 24 réacteurs). Chiffre assez éloigné de vos estimations, du million de postes supprimés annoncés par le PDG d’EDF ou même des deux millions estimés par l’Union des Industries Utilisatrices d’Energie, soit 8% de l’emploi salarié en France ! A ce rythme, le lobby nucléaire estimera, à Noël, que la sortie du nucléaire pourrait détruire 72 millions d’emplois en France !
Par delà les fausses polémiques sur le nombre d’emplois crées ou détruits par une sortie totale ou partielle du nucléaire, il est un fait incontestable : l’Allemagne a crée en une décennie plus de 370.000 emplois dans le secteur des énergies renouvelables. Pendant ce temps, « notre » champion hexagonal, Areva, annonce avant de se dédire temporairement, la suppression de plusieurs milliers d’emplois. Paradoxalement, c’est votre politique pro-nucléaire qui détruit les emplois dans le secteur nucléaire et dans celui des énergies renouvelables. En effet, le moratoire sur les prix d’achat de l’électricité issue du solaire photovoltaïque a détruit plus de 20.000 emplois en un an en France. Il s’agit sans doute de l’un des plus grands plans sociales que la France ait connu ces dernières années.
Une fois encore, le parti majoritaire promeut, sans distance critique, un système nucléaire français vieillissant et soumis à la pression d’une privatisation larvée. L’Allemagne, la Suisse, l’Italie, la Belgique, et de façon implicite le Japon, ont récemment décidé de tirer un bilan de la énième catastrophe impossible de Fukushima en tournant le dos au nucléaire. Moins d’une trentaine de pays ont, à ce jour, recours à l’énergie nucléaire. Trois pays seulement concentrent 50% des capacités nucléaires (Etats-Unis, la France et le Japon). Seuls les dirigeants actuels de la France restent persuadés que le nucléaire a encore un avenir. Pourtant, le nucléaire représente moins de 3% de l’énergie finale consommée, soit une part minime du bouquet énergétique mondial. Malgré quelques approximations quant à la quantité d’emplois induits par cette filière, cette industrie en crise s’apprête à subir les conséquences de la catastrophe nucléaire de Fukushima.
La campagne électorale qui s’ouvre mérite mieux qu’un jeu de postures. Alors que l’Autorité de Sureté Nucléaire s’inquiète ouvertement de l’état de nos centrales, que les sommes provisionnées par l’opérateur historique en vue du démantèlement sont totalement sous-estimées, annonçant à l’avenir une catastrophe financière, qu’Areva annonce la suppression de milliers d’emplois, il est temps de sortir de la religion du nucléaire et de contester des vérités assénées avec d’autant de force qu’elles sont fausses.
Il est pour nous grand temps de sortir de l’idéologie nucléariste et du conservatisme énergétique. La France des années 1960 n’est plus celle de 2011. La campagne présidentielle qui s’ouvre doit nous amener à nous tourner vers l’avenir et non ressasser une pseudo-indépendance énergétique puisque nous importons la totalité de l’uranium et que cet hiver encore, notre pays sera dans l’obligation d’importer massivement son électricité de cette Allemagne anti-nucléaire !
Il n’existe pas UNE politique énergétique mais une palette d’options à soumettre au débat démocratique. Nous espérons que la campagne présidentielle sera l’occasion d’enfin poser les jalons d’une autre politique énergétique hexagonale et européenne. Nous vous invitons à sortir de la pensée unique énergétique et à reconnaître l’extrême richesse d’une biodiversité énergétique qui reste à soutenir et développer.