Lettre ouverte - Danger du portable : Quelles décisions politiques après la prise de position de l’OMS ?
Communiqués de presseParis, le 1er juin 2011
Madame la ministre de l’écologie, Monsieur le ministre de la santé,
L’Organisation Mondiale de la Santé vient de prendre la décision de classer les ondes de la téléphonie mobile dans la catégorie des agents « cancérogènes possibles ».
Cette décision, loin de nous réjouir, confirme les inquiétudes que nous ne cessons de porter à votre connaissance depuis de nombreuses années. Deux ans, presque jour pour jour après la publication des conclusions du Grenelle des ondes, l’inaction du gouvernement n’en n’est que plus scandaleuse.
Alors que les signaux sanitaires sont désormais suffisamment nombreux pour amener l’Organisation Mondiale de la Santé (confirmant ainsi le rapport de l’Agence française de sécurité sanitaire environnementale daté de 2009) à réclamer les décisions qui s’imposent, l’Etat français a opté pour un statu quo inacceptable.
Vous avez opté pour un Grenelle des ondes dont les décisions toujours à venir sont soumises à un hypothétique consensus entre acteurs aux intérêts profondément divergents. Nous ne pouvons que regretter l’attentisme qui prévaut au sein du gouvernement, statu quo d’autant plus insupportable à la lecture de la mise en garde de l’OMS.
Le principe de précaution n’est pas un principe à activer en cas de certitudes scientifiques et risques sanitaires avérés. Nous estimons que cet outil, essentiellement politique, doit être utilisé dans le cas présent afin d’éviter les expositions inutiles et prolongées, notamment chez les plus jeunes.
Nous vous demandons d’interdire la possession des portables pour les enfants de moins de 14 ans. Nous vous demandons également d’encadrer toutes les publicités vantant les mérites des forfaits illimités, notamment lorsque ces publicités ciblent les adolescents. A l’aune de la position de l’OMS, nous estimons souhaitable que toute publicité incitant à l’usage du portable, notamment dans les trains, soit également proscrite par décret. Enfin, nous vous demandons d’obliger les opérateurs et équipementiers à inscrire en toutes lettres et sur tous les portables la mention « Une utilisation prolongée du portable peut accroître les risques de cancer ».
Comme la loi vous y autorise, la France doit pouvoir empêcher la commercialisation de tout équipement entraînant une exposition chronique aux ondes électromagnétiques chez les enfants et bébés, comprenant les babyphones, portables pour enfants et balises GPS. Face aux préconisations de l’OMS, nous vous demandons également d’imposer, par voie réglementaire, aux opérateurs et équipementiers, la commercialisation de portables dotés d’un kit mains libres, intégré au terminal et non démontable.
Parce que la recommandation de l’OMS concernant les ondes de la téléphonie mobile, nous réaffirmons notre souhait d’obtenir une révision des normes d’exposition aux champs électromagnétiques, portables et antennes relais compris. Nous espérons pouvoir compter sur votre mobilisation afin de faire des établissements scolaires des espaces sans wifi.
Après la récente prise de position de l’OMS, l’absence de mesures réellement protectrices vous rendrait responsables des effets sanitaires à venir.
Vous remerciant par avance de l’écoute et des réponses que vous ne manquerez pas de nous apporter, nous vous prions de recevoir, Madame la ministre, Monsieur le ministre, l’expression de nos salutations les plus respectueuses.
- Janine Le Calvez, présidente de Priartém
- Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement