Le syndicalisme agricole « punitif » a encore frappé
Communiqués de presseSous la pression des syndicats agricoles productivistes, le gouvernement a annulé hier des dispositions de la loi de finance 2024 qui devaient permettre de rééquilibrer partiellement les contributions des agriculteurs au coût collectif de l'eau et des pesticides.
Ce renoncement fragilise le budget des Agences de l'eau, et constitue une punition envers les citoyens et les consommateurs. Lorsque des paysans, des citoyens et des associations se mobilisent pour faire cesser l'accaparement de l'eau par quelques agro-managers industriels, le gouvernement français choisit la voie de la répression et de la fermeté. De petits dommages matériels sont qualifiés outrancièrement de « destruction », leurs auteurs traduits en justice, et des moyens policiers considérables sont mobilisés pour protéger les méga-bassines d'irrigation.
Lorsque les deux syndicats agricoles majoritaires (FNSEA et JA), partisans du statu-quo industriel destructeur du climat et de la biodiversité, se mobilisent pour conserver le privilège de ne pas payer le prix réel de leur consommation des ressources collective (eau) et de leurs dégâts sur l'environnement (pesticides), le gouvernement choisit la voie de la lâcheté.
Ces derniers jours, FNSEA et JA ont multiplié les actions d'intimidation, notamment en bloquant des préfectures et en saccageant l'espace public par des déversements de fumier. « Quel contraste avec la répression policière envers les manifestations pacifiques contre les méga-bassines ! », s'indigne Jacques Caplat, d'Agir pour l'environnement.
« Pourtant, les redevances qui étaient prévues dans la loi de finance 2024 ne réduisaient que légèrement le privilège dont bénéficient les agriculteurs français. Ces syndicats font preuve d'une audace éhonté en prétendant que ce rattrapage partiel relèverait d'une 'fiscalité punitive' alors que ces agriculteurs industriels bénéficient au contraire d'une scandaleuse exonération fiscale des dégâts environnementaux qu'ils provoquent. » ajoute-t-il.
En décidant de céder à l'intimidation et de faire peser le coût de la gestion de l'eau sur les citoyens au lieu de la répartir équitablement entre les usagers, le gouvernement a choisi de punir les victimes et de féliciter les pollueurs.