Journée internationale de la Santé : Non aux pesticides et aux régressions des politiques environnementales

Communiqués de presse

Paris, le 1er avril 2025

Des dizaines de collectifs, scientifiques et élu.es appellent à un arrêt au plus vite de l’usage des pesticides, lors d’une grande marche ‘Printemps bruyant’ qui rassemblera, le samedi 5 avril à Paris, des centaines de personnes venues de toute la France.

Le cortège partira du muséum national d’histoire naturelle (MNHN) pour dénoncer l’impact délétère des pesticides sur l’effondrement de la biodiversité. Il rejoindra ensuite le ministère de la santé pour alerter également sur les impacts croissants et avérés des pesticides sur l’explosion des pathologies humaines. 

En juin 2023, le tribunal administratif de Paris condamne la France pour inaction face à l’effondrement du vivant et la somme de réduire sa consommation de pesticides conformément à ses obligations nationales et européennes. En dépit de cette injonction, nos politiques proposent de voter la réintroduction des néonicotinoïdes, et de sacrifier les normes environnementales protectrices dans la loi Duplomb visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ! 

Face aux reculades politiques scandaleuses, au détriment de tous les êtres vivants, cette mobilisation appelle à changer de toute urgence de modèle agricole. Un investissement massif est demandé pour accompagner les agriculteurs et agricultrices vers des méthodes agronomiques biologiques et agro-écologiques. 

Cette action est co-organisée entre autres par Extinction Rebellion, Scientifiques en rébellion, Agir pour l’environnement, Alerte des Médecins contre les Pesticides, COAADEP, #NousToutes, Peuples Solidaires ActionAid, Secrets toxiques, Sud Recherche...

Selon Pierre-Henri Gouyon, chercheur au MNHN : « I’agriculture intensive ne se maintient qu’en détruisant la vie sur terre et les puissants lobbies de l’agrochimie emploient de nombreux marchands de doute pour le cacher. ll est urgent de lever le voile sur le massacre en cours ». Les pesticides contaminent tous les milieux, sols, air, eau, partout sur la planète et participent à l’extinction de masse des nombreuses populations animales, notamment les insectes, dont les pollinisateurs mais aussi les populations d’oiseaux des habitats agricoles (Inrae, Ifremer, 2022).

Les dommages des pesticides sur l’environnement se doublent du drame de leur toxicité sur la santé humaine. 

Dr Pierre-Michel Perinaud (Alerte des Médecins contre les Pesticides) souligne que l’expertise de l’Inserm Pesticides et santé’ (2022) confirme « une augmentation inquiétante des pathologies liées aux pesticides chez les professionnels agricoles, mais aussi dans la population générale. Les perturbateurs endocriniens, dont beaucoup sont des pesticides, sont responsables de troubles de la fertilité, de cancers précoces (dont le cancer du sein), de l’obésité, du diabète et de troubles immunitaires, et, plus largement, d’un nombre considérable de pathologies chez l’humain dont un nombre croissant de clusters de cancers pédiatriques dans certaines régions ».

C’est aussi le constat de Dr Mélanie Popoff (Alliance santé planétaire) qui pointe « l’explosion des maladies chroniques en lien avec l’exposition aux polluants, les effets des pesticides sur la santé humaine via leur activité cancérigène, mutagène, reprotoxique (CMR), perturbateurs endocriniens ou leurs propriétés de PFAS. »

Le drame de la contamination au chlordécone dans les pays de la Karayib (Antilles « françaises ») est un scandale sanitaire, environnemental, sociétal et économique emblématique de l’histoire coloniale française comme le rappelle Lilith du COAADEP (Association du Collectif des Ouvriers Agricoles et de leurs Ayants Droit Empoisonnés par les Pesticides) : « Alors que des milliers de personnes sont contaminées par le chlordécone, que le crime est reconnu par l’Etat responsable avec les lobbies, de ce désastre, la justice n’a pas été rendue : les crimes restent impunis ». Pour le président de la COAADEP, Mr Yvon Sérénus : « C’est au-delà du scandale, un mépris des plus ignobles commis par l’Etat en continuité de la traite transatlantique sur laquelle la France s’est dévelopée de manière exponentielle. Nos malades sont laissés pour compte, au nom d’une agriculture coloniale : la monoculture de la banane. »

Michel Daviet (Collectif des victimes des pesticides de l’ouest), témoigne de son lymphome, reconnue maladie professionnelle suite à la manipulation des pesticides et dénonce leur toxicité, tout comme Monique Savatier (Riverains ensemble) : « les 22 millions d’habitants des campagnes françaises sont en première ligne face à la pollution des pesticides et des collectifs de riverains, de plus en plus nombreux, s’organisent pour défendre des campagnes vivantes et soutenir les petits paysans qui oeuvrent pour un modèle agricole respectueux de l’environnement ».

L’Union européenne est la première région productrice de pesticides dans le monde, elle exporte dans les pays du sud, les pesticides les plus toxiques interdits sur son sol. Il s’agit d’un véritable colonialisme chimique qui doit cesser. « La démocratie des lobbys phytosanitaires, dont l’influence sur les décisions politiques passe avant celle des scientifiques, n’est pas la démocratie que nous souhaitons. Mais nous défendons celle de la défense de l’intérêt général, de la santé publique et de la lutte contre les inégalités en France et à l’international. » souligne Dr Jean-François Corty (Médecins du monde).

Pourtant les solutions existent, la prospective Inrae (2023) montre que l’agriculture européenne peut s’affranchir des pesticides chimiques, tout en restaurant les écosystèmes, en limitant les émissions de gaz à effets de serre et en préservant la souveraineté alimentaire. Il faut donc de la volonté politique comme le soulignent Aline Aurias et Gaspard Manesse (Confédération paysanne) : « L’agriculture consomme 95 % des pesticides en France, épandus par des paysans pris dans l’engrenage mortifère d’un modèle agroindustriel de concurrence. Pourtant des solutions tangibles existent, et doivent être mises en oeuvre par des politiques courageuses.


CONTACTS PRESSE des collectifs ayant organisé la marche (présents en tête de cortège) :

  • Extinction Rebellion : Lise : 06 11 87 32 11, Sand : 06 22 99 70 84 
  • Scientifiques en Rébellion : Florence Volaire 06 76 29 36 80, Pascal Vaillant 06 48 60 47 76 
  • Alerte des Médecins contre les pesticides : Dr Pierre-Michel Perinaud : 06 31 23 66 72 
  • Avenir Santé Environnement : Franck Rinchet : 06 76 61 85 21 
  • Agir pour l’environnement : Jacques Caplat : 06 77 53 81 39 
  • COAADEP : Lilith : 07 44 97 96 93 
  • Nous Toutes : Emma 06 12 51 71 66 
  • Peuples Solidaires Action Aid : Chloe Rousset, [email protected] 
  • Secrets Toxiques : Lorène Amathieu : 06 33 41 00 19