Trouvez les 7 erreurs : Programmation Pluriannuelle de l'Énergie

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La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a récemment initié une consultation publique portant sur la Stratégie française énergie-climat, visant à élaborer la future programmation pluriannuelle de l'énergie pour 2024-2035. Agir pour l'Environnement a identifié sept incohérences présentes dans ce document.

Première incohérence

Nous débutons notre analyse en soulignant une petite incohérence au niveau des sources. À la page 7, un graphique présente la consommation d'énergie projetée à l'horizon 2050, évaluée à 504 TWh, extrait du document de RTE "Futures énergétiques 2050" publié en 2021. Toutefois, il est important de noter que ce graphique n'est pas le plus récent publié par RTE. Dans son bilan prévisionnel 2023-2035, RTE utilise un graphe (page 10) qui projette la consommation française en 2050 à 511,5 TWh. Les deux graphes semblent de toute façon dépassés, car ils ne représentent plus du tout la stratégie française à l’horizon 2035.

Deuxième incohérence

L'un des nouveaux objectifs de la Programmation Pluriannuelle de l'Énergie (PPE) est mentionné à la page 44, où la production d'électricité décarbonée est réévaluée à la hausse, atteignant désormais 640 TWh d'ici 2035. Cette révision souligne clairement que les graphiques mentionnés précédemment ne sont plus à jour. Cependant, il est surprenant de constater qu'à la page 19, une autre valeur de production est annoncée, s'établissant à 560 TWh.

Troisième incohérence

Accrochez-vous, car à la page 46 du document de consultation publique, dans la partie « Objectifs de la PPE », le graphique affiche une prévision de consommation pouvant allez jusqu’à 677 TWh, d'ici 2035. Pour mémoire, la consommation brute en 2022 s'élevait à 452,8 TWh. Atteindre ce niveau nécessiterait une augmentation annuelle de la consommation électrique de 17,2 TWh. À titre de comparaison, un réacteur nucléaire de type EPR produit environ 13 TWh par an...

Quatrième incohérence

Revenons un instant en arrière, à la page 19 du document, dans la partie "La PPE en chiffres". La production d'énergie décarbonée est annoncée à 560 TWh en 2035. Ce chiffre semble bien insuffisant pour répondre au potentiel 677 TWh consommé en 2035, annoncé page 46, à moins d'opter massivement pour l'importation d'électricité générée par nos voisins. Une autre observation pertinente concerne le calcul de la production totale annoncée pour le nucléaire, le photovoltaïque, l'éolien terrestre/mer et l'hydroélectricité, qui totalise environ 657 TWh par an dans le même tableau et non les 560 TWh annoncés...

Cinquième incohérence

L'un des objectifs majeurs consiste à optimiser le parc nucléaire existant, en visant une production de 400 TWh par an, ce qui correspond à un taux de disponibilité de 75 %. Cependant, il est important de noter que le parc nucléaire vieillissant n'a pas atteint le seuil des 400 TWh de production annuelle depuis 2015. En fait, en 2022, il a même chuté en dessous de la barre des 300 TWh (279 TWh), en raison de phénomènes de corrosion. Les phénomènes de sécheresses, qui vont devenir de plus en plus fréquents, semblent aussi pouvoir compromettre la disponibilité du parc dans le futur.

Sixième incohérence

La Programmation Pluriannuelle de l'Énergie (PPE) prévoit la construction de 6 nouveaux réacteurs EPR, dont la mise en service est programmée entre 2035 et 2042. Toutefois, le document ne fournit aucune information sur la quantité de déchets radioactifs générée par ces nouvelles installations. Selon l'inventaire national des matières et déchets radioactifs publié par l'ANDRA le 12 décembre, l'exploitation de ces 6 nouveaux réacteurs EPR2 pourrait entraîner une augmentation de 11 % à 16 % des déchets de haute activité (HA) et de 4 % à 6 % des déchets de moyenne activité à vie longue (MA-VL). De plus, maximiser le parc nucléaire existant en prolongeant 12 réacteurs de 10 ans ajouterait entre 2 % et 5 % de déchets HA, et moins de 1 % de déchets MA-VL.

Septième incohérence

La Programmation Pluriannuelle de l'Énergie (PPE) mise sur une électrification massive de nos usages en France, visant ainsi à éliminer les énergies fossiles d'ici 2050. Bien que l'électrification de notre société semble cruciale pour respecter les accords climatiques internationaux, le gouvernement actuel semble sous-estimer le besoin d'un changement structurel profond.

Agir pour l'Environnement critique cette expansion quasi exponentielle de la production électrique minimisant l’impact de la sobriété énergétique, soulignant que la consommation d'électricité en France stagne depuis 2010. Elle montre même une tendance à la baisse au cours des trois dernières années, en raison de la crise énergétique et des efforts en faveur de la sobriété énergétique.

Cette tendance se reflète également en Europe, où la consommation électrique a diminué de 2960 TWh à 2750 TWh (-7 %).


Sources :