Trois questions @u Collectif pour la Sauvegarde de la Charnie qui lutte contre un projet minier (72)
L'« Association Charnie Environnement » a pour objectif la préservation de l'environnement et de la biodiversité dans les forêts de Charnie et des environs. Quelles sont vos craintes face à ce projet minier ?
Tout d'abord précisons que l'association Charnie environnement
est une des composantes du Collectif pour la Sauvegarde de la Charnie dont le
champ d'action est géographiquement plus large et concerne tout le pays de
Charnie qui, comme le disent les anciens, s'étend de « Tennie à Monsurs
».
Nous craignons qu'avec ce projet soient reproduites à plus grande
échelle les erreurs du passé.
Ce passé, on en voit encore les traces à Rouez
en Champagne où 5 ans d'exploitation minière ont produit quelques kilogrammes
d'or, d'argent, mais aussi 300 000 m3 de résidus miniers cyanurés qui laissent
des traces nocives dans les cours d'eau, dont plus personne ne sait que faire.
Ces déchets sont, pour des années encore, une facture à payer au travers de la
figure des riverains.
Nous craignons qu'une fois « démontrée » la
rentabilité, la concession soit vendue à des spéculateurs dont le premier geste
sera d'en faire fuir les profits à l'étranger. À eux les bénéfices, à nous les
déchets. Nous craignons qu'une fois de plus ce projet ne vive qu'à la
faveur des cours de la bourse et que, comme cela s'est déjà produit, la mine
soit abandonnée dès qu'elle ne sera plus rentable.
Pensez vous, avant même que ne débute l’éventuelle phase d’exploitation, que les explorations qui dureront 5 ans, causent des dommages à l’environnement ?
Il y a d'abord
la question de l'effarouchement, complètement occultée par les porteurs du
projet : la région concernée est une région d'élevage, de chevaux, de bovins,
de volailles (les poulets de Loué) ; le passage d'engins aériens à basse
altitude tel qu'il est prévu dans la première phase n'est pas à négliger.
Interpellés là-dessus, les porteurs du projet ont alors proposé d'éviter le
survol des régions d'élevage. Ils ont ainsi démontré leur profonde ignorance de
la situation locale : éviter le survol des régions d'élevage, c'est éviter le
survol de tout le périmètre.
Il y a aussi la question des autorisations
de forer qui vont lier les propriétaires. On ne peut forer sans leur
autorisation. La société Variscan refuse de communiquer sur les contrats qui
seront alors établis, autorisation de forer vaut-il autorisation d'exploiter
?
Finalement, les forages de plus de 100 m de profondeur sont soumis à
enquête publique. La société Variscan envisage de forer jusqu'à 1500 m mais se
trouve réticente à soumettre chaque forage à enquête publique. Il y a là pour
nous une ambiguïté que seule une surveillance approfondie de ces forages
pourrait lever.
Variscan Mines met en avant l’opportunité à travers ce projet de montrer qu’il peut y avoir des mines vertes. Cet argument vous parait il recevable ?
La société Variscan parle plutôt de mines « propres »,
ce qui revient à dire qu'elle parle de mines dont on ne voit pas la
pollution.
En effet, le procédé qu'elle envisage d'utiliser consiste à
tout faire de manière souterraine. Pas de mine à ciel ouvert ici, mais un
procédé dit « Gecko Python » où tout est enterré.
Quand on sait que les
procédés d'extraction des minerais n'ont pas évolué depuis des années et
demeurent toujours aussi polluants, quand on sait que sur cette région, la
position des nappes phréatiques est totalement inconnue, on sait qu'on nous
prépare ici une de ces « bombes écologiques » qui risque de péter à la figure
des riverains bien des années après que la Société Variscan et ses actionnaires
auront pris le large.
Contre l'exploitation des mines polluantes, rejoignez le collectif pour la sauvegarde de la Charnie