Trois questions @OlivierRazemon, auteur du livre "Le pouvoir de la pédale - Comment le vélo transforme nos sociétés cabossées"

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Olivier Razemon publie un nouveau livre "Le pouvoir de la pédale - Comment le vélo transforme nos sociétés cabossées" aux éditions Rue de l'Echiquier. Il présentera son nouveau livre à la Maison du Vélo (6, rue Jacques Coeur - 75004 Paris) le jeudi 27 mars 2014 à 18h45 en présence de Laurent Védrine (réalisateur de la Reine bicyclette) et de Amélie Dumoulin (L'Heureux Cyclage). Le débat sera anima par Philippe Colomb, membre de Vélorution. Entrée libre et gratuite.

Question n°1 / Vous publiez un nouveau livre intitulé "Le pouvoir de la pédale". Alors que les épisodes de pollution de l'air se multiplient, pensez-vous que le temps du vélo soit enfin (re)venu ?

Un événement ponctuel comme un pic de pollution fournit l'occasion de parler vélo. Mais cela ne suffit pas. Pour changer en profondeur les comportements, il faut principalement deux choses: un urbanisme plus adapté aux déplacements à vélo et des campagnes de communication à tous les niveaux. Aujourd'hui, en ville comme dans les quartiers périurbains, il existe une concurrence entre les modes individuels (vélo, moto, auto), ce qui ne signifie pas une rivalité entre les usagers. Or les modes motorisés bénéficient, par ce qu'ils sont perçus comme plus rapides, d'un avantage de départ. Il faut donc organiser l'espace, et notamment le stationnement, pour que le vélo soit un mode au moins aussi facile à utiliser que les autres.

Le vélo n'est pas seulement un outil contre la pollution urbaine, mais aussi une manière de revitaliser les centre des petites villes aujourd'hui en déshérence, un moyen d'entretenir sa santé et donc de réaliser d'importantes économies sur le budget de la sécurité sociale, un outil pour les personnes contraintes de se déplacer à pied, ou encore une alternative bon marché aux transports publics déficitaires. Cela ne signifie pas que tout le monde, tout le temps, devrait se déplacer à vélo, mais qu'une progression de la part modale ne peut qu'être bénéfique pour nos sociétés cabossées.

Question n°2 // Comment expliquez-vous cette résistance à la petite reine ?

Le vélo est un objet magique, tour à tour adoré et détesté. Plusieurs images coexistent: le vélo-prolo, le vélo-bobo, le vélo-loisir ou encore le vélo-sport. Les décideurs, à tous les niveaux, ont tendance à résumer l'objet à l'une de ces images, à leur convenance. Il est dès lors très facile de disqualifier ce moyen de transport en l'associant à l'une de ces images. Par exemple, se déplacer sur une selle est encore perçu, à tort, comme "fatigant", par analogie avec les cols des Alpes gravis dans la douleur par les coureurs du Tour de France.

Question n°3 /// La campagne municipale qui s'achève aura-t-elle permis de poser les termes d'une nouvelle mobilité urbaine plus respectueuse de la santé des habitants ?

Je suis sceptique. Les candidats aux municipales sont, tout compte fait, plutôt raisonnables et peu d'entre eux proposent des projets extravagants pour les transports (lire quand même ici mon top 10 des pires projets http://transports.blog.lemonde.fr/2014/03/18/municipales-le-top-10-des-pires-projets-pour-les-transports/ ), mais la politique cyclable est restée absente du débat, la plupart du temps, sauf peut-être à Strasbourg, Bordeaux ou Paris. On notera que le candidat écologiste parisien veut faire de la capitale "une capitale du vélo". Le vélo, sauf exceptions, donc, n'est pas encore considéré comme un moyen de changer la ville ou la société. Il suffit pourtant de regarder dans les autres pays d'Europe pour constater les efforts de nombreuses municipalités: Munich, Bologne, Oxford, Anvers ou Budapest.