Trois questions @ Anne-Marie Ducroux, présidente de l'Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l'Environnement Nocturnes
A quelques jours de la cinquième édition du Jour de la Nuit, Agir pour l'Environnement a souhaité poser trois questions @ Anne-Marie Ducroux, présidente de l'Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l'Environnement Nocturnes.
Question n°1 / La cinquième édition du Jour de la Nuit aura lieu le 12 octobre prochain.
Pourquoi être partenaire ?
L'Association Nationale pour la Protection du
Ciel et de l'Environnement Nocturnes, son nom l'indique, sensibilise à la
qualité de la nuit et de l'environnement nocturne. Et elle agit pour cela toute
l'année sur tout le territoire. Notre approche globale des enjeux de pollution
lumineuse (biodiversité, santé, énergie, économie, gouvernance…), nos
contributions au cadre institutionnel national (lois, décrets…) et notre
travail local au plus près des communes et des citoyens, depuis une quinzaine
d'années a fortement contribué à les voir maintenant reconnus par d'autres. Un
jour de la nuit permet d'attirer à nouveau l'attention ponctuellement sur les
enjeux pour tous de la qualité de la nuit. Une occasion complémentaire pour nos
correspondants locaux, pour leurs actions de sensibilisation. Une occasion de
faire découvrir les paysages nocturnes préservés ou abîmés.
Question n°2 // Au-delà de
cette opération ponctuelle, en quoi consiste l'action de l'ANPCEN auprès des
collectivités et des particuliers ?
L'ANPCEN agit de manière originale en
conjuguant deux niveaux d'action : elle effectue un travail de veille et plaide
toute l'année les enjeux pluriels de l'environnement nocturne au niveau
national. Elle agit aussi territorialement à travers un réseau de correspondants
locaux. Ancrés dans leur département ou leur région, nos correspondants relayent
pour l'ANPCEN, auprès des acteurs locaux, les objectifs publics inscrits
désormais dans la loi pour prendre en compte les nuisances créées par les
lumières artificielles extérieures en appliquant des "mesures de prévention, de
suppression ou de limitation" que nous avons contribué à inscrire dans la loi.
Les particuliers, à la fois citoyens et contribuables de notre pays, sont
demandeurs d'une information, par une organisation désintéressée, sur un sujet
qui les concerne. Nous les rencontrons autour de nous, là où nous vivons, et
bien sûr lors de la tenue de stands d'information ou d'intervention publiques
comme des débats ou des conférences. Ceux qui nous rejoignent reçoivent notre
bulletin trimestriel à destination de nos adhérents "SOS" (Save Our
Sky).
Pour les communes qui souhaitent plus de sobriété lumineuse et un
emploi pertinent de l'éclairage extérieur, nous avons développé et proposons
plusieurs outils spécifiques et originaux pour accompagner leurs démarches de
progrès : les communes et les syndicats locaux signent avec nous une charte
d'engagements volontaires de l'ANPCEN, qui a reçue le soutien du Ministère de
l'Ecologie et du Développement durable. Plus de 150 chartes ont déjà été
signées. Nous avons conçu des étiquettes originales qui permettent très
simplement aux élus de se situer et de fixer eux mêmes leur objectif. Nous
proposons des outils d'accompagnement comme un cahier des charges technique.
Nous publions pour les partager nos positions sur les différents enjeux liées
aux nuisances lumineuses. Enfin, nous avons à coeur de valoriser
particulièrement les communes qui veulent progresser : à travers notre concours
annuel Villes et villages étoilés qui a déjà labellisé 300 communes environ. Les
communes retenues acquièrent de 1 à 5 étoiles et nous leur fournissons un bilan
indicatif sur mesure de leur éclairage, avec des conseils d'amélioration. Leur
participation leur permet de réunir un ensemble d'informations, de prendre
conscience de questions qui se posent, de faire le point sur leur éclairage,
leurs usages, leurs actions de sensibilisation vers les habitants.
Question n°3 /// Le
gouvernement a publié un arrêté obligeant les commerces, bureaux et bâtiments
publics à éteindre les lumières entre 1h et 7h du matin. Est-ce suffisant et que
faudrait-il faire pour limiter cette pollution lumineuse ?
Nous avons
suivi à chaque étape la sortie de cet arrêté et avons contribué à cette mesure.
Nous l'accueillons favorablement et soutenons une mesure de bon sens, simple et
sans coût de mise en oeuvre. Car elle illustre l'intérêt de poursuivre
conjointement l'objectif de limitation des nuisances lumineuses et de réduction
des consommations d'énergie. Elle apporte également des résultats immédiats en
économies budgétaires, énergétiques et en réduction de nuisances lumineuses. Et
il n'y a pas besoin d'un dictionnaire ou d'un tiers pour comprendre le
texte.
Le ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie a
fait un travail de pédagogie et de communication visuelle autour de la mesure
que nous relayons. Il restera néanmoins à apprécier concrètement, par des
constats de terrain, l'application de la mesure. Nous avons demandé qu'une
évaluation de son application sur le territoire soit établie au bout de six
mois.
Cette mesure ne concerne pas l'éclairage public; pour progresser il
faut en repenser les finalités, la conception et l'usage de celui-ci. La
quantité globale de lumière émise la nuit n'a cessé d'augmenter en quelques
années. Pour changer, il faut passer de la logique actuelle d'offre
d'équipements à un nouveau point de départ reposant sur une analyse des besoins
réels.
Plus d'infos sur le site de l'Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l'Environnement Nocturnes : www.anpcen.fr