Transition énergétique : Un débat bien mal engagé !

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Sous l’influence du lobby nucléaire, le comité de pilotage du futur débat sur la transition énergétique composé de six personnes, accueille en son sein deux membres éminents du lobby nucléaire.

Point de vue par Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement

 Sous l’influence du lobby nucléaire, le comité de pilotage du futur débat sur la transition énergétique composé de six personnes, accueille en son sein deux membres éminents du lobby nucléaire. Comme de mauvaises coutumes, le gouvernement français confond débat sur l’énergie avec débat sur le nucléaire, comme si la politique énergétique française pouvait se réduire au seul nucléaire. Le nucléaire ne représentant « que » 17% de l’énergie finale consommée en France, la place faite aux représentants d’Areva et du CEA est totalement disproportionnée et illustre parfaitement le poids et l’influence du lobby nucléaire chez les responsables politiques.

 Même si la sortie du nucléaire doit être évoquée en profondeur, il va de soi que les représentants du lobby nucléaire seront loin d’atteindre le minimum requis pour animer un grand débat abordant des questions aussi complexes sur les infrastructures de transport, le dérèglement climatique, la sobriété énergétique ou le nécessaire soutien au développement des énergies renouvelables.

Alors qu’il eut fallu choisir des personnalités indépendantes, généralistes mais aussi et surtout des spécialistes du débat public, la ministre de l’écologie a fait le choix critiquable de nommer deux thuriféraires du nucléaire, acteurs engagés de leur domaine mais inaptes à créer les conditions d’un débat serein. Un débat n’est pas un combat de boxe mais une méthode qui doit permettre l’expression de la diversité dans un cadre précis et accepté.

Pire, la ministre de l’écologique s’est auto-désignée «  présidente du comité de pilotage ». Au terme du débat sur l’énergie, Delphine Batho, présidente du débat sur l’énergie remettra donc les conclusions à Batho Delphine, ministre de l’écologie. Gageons que la ministre saura reprendre in extenso les conclusions du débat… L’animatrice d’un débat public ne peut et ne doit pas être un acteur engagé. La ministre doit donc laisser sa place au président de la Commission Nationale du Débat Public.

Une fois encore, il y a lieu de s’interroger sur la crédibilité d’un processus pour le moins chaotique et totalement flou. Un débat public n’est pas chose aisée à mener, a fortiori sur les questions énergétiques où les polémiques et arrière-pensées sont très loin d’être inexistantes. Pour mener à bien ce débat public, un cadre serein animé par des professionnels du débat public doit voir le jour.

A ce jour, nous sommes très loin du compte. A croire que le gouvernement, sous couvert d’amateurisme, recherche l’échec annoncé de ce débat. Il y a pourtant urgence à rompre avec les errements du passé, à imaginer un autre avenir énergétique reposant sur la sobriété et l’efficacité énergétique.

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