Tests de résistance… comparaison n’est pas raison ?
Il y a des similitudes qui valent mieux que de longs discours. Deux secteurs ont fait l’objet de tests de résistance : les banques et le nucléaire.
Point de vue de Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l'Environnement
Mi-juillet, les banques réussissaient haut la main un « stress-test » dont l’objet était de vérifier la résistance des banques européennes à d’éventuels soubresauts économiques et financiers. Quelques semaines plus tard, la patronne du FMI avouait à mi-mot qu’il allait falloir recapitaliser certaines banques européennes et la crise grecque démontrait par l’absurde la rigueur de ces testes de résistance…
A la suite de la catastrophe de Fukushima, le lobby nucléaire, au lieu de s’interroger sur l’intérêt d’une énergie dangereuse et couteuse réclamait, lui-aussi des tests de résistance. Avec la même facilité, nous apprenons aujourd’hui que nos réacteurs nucléaires sont « surs » et résisteraient à toutes les catastrophes… sauf celles que nous n’aurions pas imaginées !
Une fois encore, ces testes de résistance n’ont pas pour objet de tester réellement la fiabilité de nos installations mais seulement de justifier le maintien de capacité de production électro-nucléaire. Pour se faire, ces testes de résistance ont du exclure une série de causes potentielles comme la menace terroriste, le crash d’un avion ou minorer l'impact d'un séisme. Bref, à l’exception de toutes autres causes exclues des stress-tests, nos réacteurs sont donc surs.
Étonnamment, l’EPR vendu comme un réacteur plus sûr n’amène jamais les promoteurs du nucléaire à la conclusion qui s’impose de fait : si un nouveau réacteur est promu (sauf désormais dans les colonnes de La Tribune…) comme plus sur, les vieux réacteurs ne peuvent dès lors être que « moins sur ». Au regard des conséquences sanitaires et économiques d’une catastrophe nucléaire, pouvons-nous nous satisfaire du fonctionnement de 58 vieux réacteurs moins surs ?
Le nucléaire aujourd’hui comme la finance hier semblent être des sujets trop sensibles pour être versés aux débats démocratiques. Le peuple souhaite sortir du nucléaire ou mieux réguler la financiarisation du monde. La seule réponse qu’on lui apporte tient donc en deux mots : « stress-test ».
Mots magiques qui doivent donc produire sur nous, pauvres citoyens, une douce sidération. Les stress-tests ont été produits pour les besoins de la cause. Il faut rassurer ce bon peuple tenté par l’irrationalité de la démocratie. Pour l’en dissuader, l’oligarchie au pouvoir crée de nouveaux concepts technocratiques nous éloignant du cœur de la démocratie. De loin en loin, nous serions donc amenés à nous exprimer sur l’anecdotique, laissant ainsi les vrais sujets politiques à une cohorte de politiciens sous influence.
Inacceptable !