Scénario électrique : qui dit vrai entre ENEDIS et RTE ?
Le 20 septembre 2023, le Réseau de Transport de l’Électricité (RTE) publiait son bilan prévisionnel 2023-2035. La filiale d’EDF estimait que la consommation électrique hexagonale pourrait atteindre entre 580 et 640 TWh en 2035, soit une hausse de 10 à 15 TWh par an entre 2025 et 2035. Sur cette période, RTE envisage une augmentation de la consommation électrique de 27,9 % à 41,9 %.
Ce scénario de hausse historique de la consommation (entre 105 et 165 TWh) survient pourtant après une décennie de stagnation, suivie d’une baisse de la consommation électrique française de près de 44 TWh entre 2016 et 2023.
Le 15 octobre 2024, ENEDIS a également publié sa propre projection de la consommation d’électricité à son périmètre, à horizon 2035-2050. Dans cette estimation, la consommation électrique n’augmenterait que de 3,21 % dans le scénario bas à 26,24 % dans le scénario haut.
La différence entre les projections des deux gestionnaires du réseau électrique est frappante et souligne le caractère discutable des estimations de RTE.
Malgré une stagnation de la consommation électrique sur les vingt dernières années, RTE n’hésite pas à envisager une dynamique haussière de la consommation jamais constatée depuis les années 1950. Par son ampleur et sa durée, cette augmentation serait une première dans l’histoire électrique hexagonale.
Il y a urgence à réévaluer les scénarios établis par le Réseau de Transport de l’Électricité qui a un intérêt évident à surestimer la consommation électrique future, dont dépendent ces futures recettes ainsi que la légitimité de ses investissements actuels.
Or, la différence entre les deux projections pour le scénario bas est de 90 TWh et de 46 TWh pour le scénario haut, soit l'équivalent de la production de 8 à 4 réacteurs nucléaires dits EPR2.