Sainte-Soline : Des larmes et des armes...

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Inquiets ; nous sommes inquiets et en colère. Inquiets d'une situation écologique et sociale qui ne cesse d'empirer...

En colère à la vue de cette caste mortifère qui parie sur la guerre civile pour préserver ce petit pouvoir absurde d'un monde en déliquescence. En colère face à l'attentisme d'une société engourdie par des décennies de consumérisme et de pensée unique, dont la combativité s'effrite lorsque les enjeux sont trop lointains, trop globaux, trop éloignés du sacro-saint pouvoir d'achat et qui renonce trop vite à s'exposer pour le devoir impérieux de vivre. En colère par l'attitude criminelle des profiteurs qui préfèrent l'enfer climatique plutôt que renoncer à détruire terre et mer. En colère aussi par notre impréparation collective, par notre inefficacité structurelle, par notre manque d'imagination qui nous conduisent à vouloir ressembler à ceux que nous prétendons combattre. Et surtout meurtris par les blessures infligées manifestation après manifestation à une jeunesse déterminée.

Nous défendons la vie. Nous sommes la nature qui se défend et nous devons privilégier les graines aux grenades. Face à des militaires sur-entrainés et sur-équipés, l'efficacité commande de renoncer à cette opposition en miroir. Vouloir la guerre, c'est choisir le terrain de l'adversaire, c'est nous disqualifier en pensant que nos larmes auront raison de leurs armes, c'est faire de cette confrontation un grand défouloir durant lequel nous nous opposerons aux messagers et non aux messages, aux gardiens de l'ordre et non à cet ordre destructeur.

Face à l'urgence climatique et à l'effondrement irréversible des écosystèmes, nous n'avons pas le droit de nous tromper de colère, nous n'avons pas le droit d'être inefficaces en mélangeant la partie pour le tout, le flic et le fric.

Nous sommes nombreux. Nous sommes déterminés. Nous sommes des amoureux de la vie. Ne nous laissons pas aspirer par le côté obscur de la force. Ne perdons pas notre âme en épanchant notre colère sur les petits pions qui protègent le roi et ses fous. Chantons, dansons, faisons de nos combats une immense fête inspirée par notre soif de vivre et donnons envie aux damnés du soulèvement de la terre.

Nos colères ne sont pas une haine de l'autre mais une détermination sans faille, une frustration d'avoir trop attendu. Nos luttes doivent être belles, colorées, musicales et inspirantes. Elles doivent être à l'image du monde que nous souhaitons advenir : créatives, bienveillantes, engagées, efficaces et non-violentes.