Présidentielle : Qui sera la nouvelle star ? par Stéphen Kerckhove, délégué général d'APE
Une campagne électorale a ses us et coutumes : Les joutes verbales, les envolées lyriques agrémentées de quelques petites phrases qui font désormais office de programmes politiques. Alors qu’une majorité de Français-es attend des débats de fond, nous assistons, médusés, à un mauvais remake de « Qui sera la nouvelle star »...
C'est dans ce contexte que l'écologie tente de survivre en milieu hostile. La complexité du paradigme écologique, son refus des recettes toutes faites en font un objet électoral non identifié.
L'histoire hoquète et une cohorte de politiciens ânonne aveuglement les mêmes discours creux censés surmonter les crises inédites posées par les contraintes écologiques. Libéralisme et socialisme n'ont jamais appréhendé la rareté comme une donnée centrale. Les fausses-bonnes solutions avancées pour répondre à l'augmentation du coût des carburants sont à cet égard édifiante : pour les uns, il faudrait puiser dans nos réserves stratégiques, pour les autres, il faudrait bloquer le prix des carburants. L'anecdotique prend ainsi le pas sur la politique au sens noble du terme.
Ce genre de propositions relève du spectacle quotidien mais ne répond en aucune manière à cette nouvelle contrainte qu'est la rareté. Le modèle économique dominant repose sur une illusion qui ne résistera pas au déterminisme écologique. Or, l'urgence écologique réclame de nous de l'honnêteté, de la clairvoyance, de la cohérence et de la détermination.
Par manque de courage, la sobriété à laquelle nous devrons tôt ou tard nous conformer est subie au lieu d'être désirée. L'illusion d'une société dispendieuse affranchie de toutes limites écologiques nous conduit à des lendemains qui chantent faux et des réveils douloureux.
Sommé de répondre à la dernière polémique coproduite avec le monde médiatique, le personnel politique peut-il encore s'affranchir des logiques de court terme ? Peut-il encore penser l'avenir ? L'erreur serait de croire qu'un bon mot ou une formule choc auraient pour vertu de dissoudre les crises écologiques.
Le modèle dominant s'effondre pourtant sous nos yeux. Face aux crises écologiques, nous n'avons plus le choix et il y a urgence. La rareté nous y oblige. Entre cette décroissance nécessaire et une récession menaçante, il existe pourtant une différence de même nature qu'entre la sobriété heureuse et une paupérisation subie.
Le bulletin de vote est l'un des moyens d'envoyer un signal crucial à cette classe politique irresponsable : nous sommes prêts à rompre avec l'orgie consumériste, fruit des 30 glorieuses et des 50 gaspilleuses. Nous sommes prêts à sortir de l'ère de l'abondance pour entrer dans le monde de la rareté. Nous refusons l'illusion qui consiste à croire qu'un monde fini peut croître à l'infini, que la croissance matérielle déboucherait mécaniquement sur un progrès humain.
Dimanche, nous avons rendez-vous avec nous-mêmes et avec nos pulsions démiurgiques. Oserons-nous ouvrir les yeux et ajuster nos lunettes ? Notre démocratie saura-t-elle se libérer des logiques du court terme qui nous mènent à la catastrophe ? Réponse... dimanche à 20h !