Le mirage du gaz de schiste - 3 questions à Thomas Porcher

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Le livre "Le mirage du gaz de schiste" publié aux éditions Max Milo sort aujourd'hui. Ce livre nous propose une étude inédite sur les conséquences qu'aurait l'ouverture législative aux gaz de schiste aux gaz de schiste en France. Nous avons posé 3 questions à son auteur, Thomas Porcher, docteur en économie et professeur en marché des matières premières à l'ESG-MS et chargé de cours en économie internationale à l'université Paris Descartes.

Vous sortez aujourd'hui un livre intitulé "Le mirage du gaz de schiste", quel est l'objectif de ce livre?
Depuis que la France a refusé l’exploitation du gaz de schiste, les lobbies pro gaz de schiste ont orienté le débat sur les gains économiques qu’engendrerait l’exploitation. A force de marteler des arguments comme les créations d’emplois, la baisse de la facture de gaz ou l’indépendance énergétique, beaucoup de politiques et de citoyens se sont laissés séduire par le soi-disant potentiel économique du gaz de schiste. C’est d’ailleurs ce que révèle le dernier sondage où les français ont été plus sensibles au potentiel économique du gaz de schiste. Or, beaucoup d’arguments des lobbies pro-exploitation sont en réalité des contre-vérités. L’objectif de mon livre est de fournir une information plus juste au citoyen en lui montrant comment les arguments des lobbies sont attaquables.

Hormis les dommages sur l'environnement et la santé, pourquoi l'exploitation du gaz de schiste n'est pas non plus économiquement viable?

Prenons l’exemple de l’emploi qui est un argument fort en période de crise économique. Aux Etats-Unis, il y a eu 600 000 emplois directs et indirects créés pour 500 000 puits. Cela fait seulement un peu plus d’un emploi direct et indirect par puits. Une autre étude montre que pour une production de 1 million de dollars de gaz de schiste, il n’y a que deux emplois créés. En réalité, ce que les lobbies ne nous disent pas, c’est que pour créer de l’emploi, il faut sans cesse forer de nouveaux puits. C’est le cas aux Etats-Unis où toutes les huit minutes un nouveaux puits de gaz de schiste est installé ! Dans le cas de la France, un cabinet de conseil a montré avec une analyse très partiale et partielle que le gaz de schiste pouvait potentiellement créer 100 000 emplois d’ici de 2020. Il faut que chacun sache que pour créer autant d’emplois, il faudra forer plus de 90 000 puits, soit 35 par jour sur 7 ans.

Vous vous appuyez sur l'expérience américaine qui exploite les gaz de schiste depuis plusieurs années. Peut-on également considérer cette expérience comme un mirage?
Une lecture sérieuse de l’expérience américaine montre que cette exploitation est une dangereuse « ruée vers l’or » avec comme seul impératif le forage intensif pour assouvir les profits de quelques-uns au détriment de l’intérêt général. Il suffit de comparer la valeur engendrée par le gaz de schiste pour les compagnies et les retombées économiques pour les populations. Par exemple, à Fayetteville, la production de gaz s’est élevé à 586 millions de dollars et n’a entrainé la création que de 1377 emplois contre les 10 000 prévus initialement. Le gaz de schiste comme les autres productions de gaz est avant tout une « rente gazière » pour son producteur. L’expérience américaine montre également l’absence d’études concernant la santé des populations avoisinantes et l’environnement. Mais ce qui est le plus étonnant est que malgré toutes ces informations, certains puissent encore qualifier ce modèle de « miracle » et veuillent l’importer en France.

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