Glyphosate : On lâche rien !
Dès le renouvellement de l'approbation du glyphosate pour 10 ans par la Commission européenne le 16 novembre 2023, Agir pour l'Environnement et deux partenaires (Collectif des maires sans pesticides et CRIIGEN) avaient chargé le cabinet Huglo-Lepage d'engager une procédure de recours gracieux. Le rejet de cette première procédure nous a conduit à déposer un recours en annulation de cette autorisation.
La toxicité du glyphosate est établie
L'agence sanitaire européenne (EFSA) base ses évaluations sur des protocoles vieux d'un demi-siècle et inadaptés aux recherches toxicologiques modernes. Pour évaluer le glyphosate, l'EFSA a ainsi écarté 99,6 % des travaux publiés dans des revues scientifiques à comité de lecture. Pire, elle s'est majoritairement appuyée sur des études confidentielles invérifiables réalisées par les industriels, ce qui est contraire à un avis de 2019 de la Cour de justice de l'Union européenne.
En réalité, 75 % des études publiées dans des revues à comité de lecture concluent à la dangerosité du glyphosate pour la santé humaine, et la quasi-totalité de celles qui s'intéressent à ses effets sur la biodiversité sont très alarmantes. Le glyphosate, ses co-adjuvants et ses produits de dégradation sont des perturbateurs endocriniens, provoquent un stress oxydant et des effets génotoxiques (mutations et cancers), induisent des maladies neurodégénératives, sont neurotoxiques et affectent le microbiote.
Une procédure d'autorisation incohérente
L'ensemble de la procédure de ré-autorisation du glyphosate est basé sur l'une de ses formules commerciales, le MON 5227. Or cette formule précise a été interdite en France en 2019 en raison de son risque génotoxique, via deux décisions judiciaires désormais définitives. L'Union européenne a donc utilisé un produit interdit pour justifier de l'autorisation d'une gamme plus large du même produit.
Malgré ses biais, l'EFSA a soulevé de nombreux manques et doutes, censés imposer à la Commission européenne de procéder à une nouvelle expertise avant toute autorisation. En outre, la procédure ne prend en compte que le principe actif sans considérer les effets des co-adjuvants et des produits de dégradation, ce qui contredit un avis de la Cour de justice de l'UE.
Si l'on ajoute que la Commission européenne a refusé de rendre publique la composition de son « groupe d'évaluation du glyphosate », ce qui interdit d'en vérifier les compétences et les éventuels conflits d'intérêt, la coupe est pleine.
Il est temps de tourner la page du glyphosate
Des millions d’agriculteurs à travers le monde ont démontré qu'il est possible de cultiver sans glyphosate, notamment grâce aux techniques globales de l'agriculture biologique.
En enfermant les paysan·ne·s dans des techniques fragiles et non-durables, l'usage du glyphosate est un frein à la transition agricole.
Au-delà de ce recours, Agir pour l'Environnement continuera à œuvrer pour faire admettre l’évidence : le glyphosate appartient à un monde moribond et nocif, il est urgent pour les institutions européennes et françaises de soutenir les alternatives d'avenir.
[Retrouvez les sources citées juste ici]