EPR de Flamanville : L’aveu !

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Tout ou presque a été dit sur la dérive des coûts de construction de l’EPR de Flamanville. Mais ce que révèle cette explosion des coûts est ailleurs. EDF ose affirmer que ce coût pharaonique relève d’avantage d’une « méconnaissance à l’origine » que d’une « dérive des coûts ». Implicitement, l’opérateur historique reconnaît que la construction de l’EPR relève de l’improvisation la plus totale.

Point de vue de Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement

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Tout ou presque a été dit sur la dérive des coûts de construction de l’EPR de Flamanville. De 3,3 milliards d’euros, EDF estime maintenant que la facture de l’EPR atteindrait 8,5 milliards d’euros, soit une augmentation de 257% ! Les décideurs français aiment le nucléaire. Et quand on aime… on ne compte pas. A fortiori lorsque la facture sera payé par les usagers présents et futurs.

A l’heure de la rigueur budgétaire qui frappe sans discernement, celle-ci semble belle et bien un leurre au pays du poker menteur radioactif. Nul besoin de longue tribune pour constater l’emprise sectaire qui lie le lobby nucléaire à cette classe politique sous influence : Absence de discernement, fonctionnement en vase clos, rejet de toutes critiques, fidèles (autrement appelés « usagers ») appelés à financer les errements de gestion et le train de vie de la caste radioactive, mariage forcé entre le syndicat majoritaire et le patronat… Il serait sans doute temps de saisir la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires afin d’enquêter sur les agissements d’EDF.

« Méconnaissance à l’origine »… ?

 Mais ce que révèle cette explosion des coûts est ailleurs. EDF ose affirmer que ce coût pharaonique relève d’avantage d’une « méconnaissance à l’origine » que d’une «  dérive des coûts ». Implicitement, l’opérateur historique reconnaît que la construction de l’EPR relève de l’improvisation la plus totale. Alors que l’EPR était présenté en 2003 comme un réacteur plus sur que les 58 réacteurs actuellement en fonctionnement (reconnaissant à l’époque implicitement que les 58 réacteurs étaient très loin d’atteindre une sécurité optimale…), EDF affirme au grand jour que la sûreté est une notion toute relative et à géométrie variable. Manifestement, en matière nucléaire, les certitudes d’hier sont les mensonges d’aujourd’hui et sans doute les catastrophes de demain !

 Avec la certitude des prédicateurs, l’opérateur public présentait l’EPR comme sur. Il ne l’était pas et ne le sera pas. Ce réacteur était présenté comme économiquement viable. Il ne l’est assurément pas ! Il était présenté comme utile. Il ne fera qu’ajouter à la surproduction déjà constatée une électricité de base inutile. La parole d’EDF est désormais et définitivement disqualifiée.

 Le débat national sur la transition énergétique doit se saisir de cette catastrophe industrielle afin de réétudier en urgence l’utilité de ce réacteur.

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