En (auto)route… pour de nouvelles aventures ?
Attendu depuis fin 2009, le schéma national des infrastructures de transport est devenu une sorte d’arlésienne politique. Et pour cause !
Extrait de la lettre bilan - été 2011 - d'Agir pour l'Environnement.
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Ce document est censé inscrire noir sur blanc les grandes priorités de l’Etat en matière d’infrastructures. Malgré les discours tout aussi généreux que généraux sur l’impérieuse nécessité de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, le ministère de l’écologie travaille, sous la pression d’un certain nombre d’élus locaux, à l’élaboration d’un SNIT faisant une large place à une relance du programme autoroutier hexagonal.
Une trentaine de projets sont inscrits dans un avant-projet. Longs de plus de 1200 kilomètres pour un coup avoisinant les 15 milliards d’euros, ces projets sont paradoxalement justifiés au nom des accords adoptés durant le Grenelle de l’environnement.
En effet, durant cette grand-messe de l’écologie hors-sol, le « moratoire » sur toute nouvelle construction d’autoroutes fut soumis à un certain nombre d’exceptions.
En cas d’insécurité routière, problème d’engorgement ou au nom d’un intérêt local supposé, l’Etat peut suspendre ce moratoire virtuel… A cause de cette écriture diplomatique, la France s’apprête donc à étendre son réseau autoroutier de plus de 10% et construire un nouvel aéroport à Notre-Dame des Landes !
Parce que l’Etat n’a plus le sou… il envisage de recourir massivement aux opérateurs privés. Les trois projets les plus avancés (RN126 entre Castres et Toulouse, RN154 entre Chartres et Dreux et la RCEA entre Mâcon et Moulins) prétendent, rien de moins, privatiser les routes nationales existantes ! Au scandale écologique s’ajouterait donc un scandale social !
Avec une clairvoyance déconcertante, la France s’apprête à adopter un vaste schéma dans lequel quantité d’autoroutes vont être construites dans les 20 à 30 ans qui viennent. Sans l’ombre d’un doute, les projets en question tablent sur une augmentation continue du trafic routier. La fin des ressources pétrolières ou l’impératif climatique ne semblent pas entrer en ligne de compte des analyses gouvernementales.
Tout juste consentent-ils à « verdir » certains projets à la marge en tentant de limiter l’impact des infrastructures sur les écosystèmes. Dans l’esprit de certains décideurs, ce type d’actions curatives a tôt fait de transformer le « moins pire » en « meilleur ». L’éco-autoroute fait ainsi son apparition et entretient l’illusion d’un changement faussement écologique.
La politique énergétique de la France est dictée par les demandes d’un grand nombre de lobbies, à mille lieues des enjeux écologiques. Or, en communicant plus vert que vert sans pour autant modifier en profondeur leur cadre d’analyse, les décideurs nous font perdre un temps précieux.
Leur responsabilité, à l’aune de l’irréversibilité des dégâts occasionnés, s’apparente à un crime contre l’environnement.
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