Le recul de la bio en France en 2023, résultat prévisible d'un renoncement criminel

Communiqués de presse

Paris, le 19 juin 2024

Pour la première fois depuis plus de 25 ans, les surfaces biologiques françaises ont baissé de 2 % en 2023. Ce renversement aberrant, qui ralentit la nécessaire transition écologique de l'agriculture, est le résultat prévisible de plusieurs années de renoncements et de choix idéologiques archaïques.

Quelques semaines après la première élection d'Emmanuel Macron en 2017, le ton était donné : le développement de l'agriculture biologique devait être conditionné au « marché ». Dès lors, ce mantra idéologique n'a cessé d'être appliqué par les ministres successifs, malgré les alertes répétées de la profession comme des économistes agricoles.

« Le marché » est une construction politique. Le prix de vente d'un produit n'est jamais égal à son coût de production. La supposée « loi de l'offre et de la demande » n'existe que dans une société villageoise de troc. Dans le monde réel, des centaines de paramètres s'intercalent : intérêts des entreprises, actions des collectivités publiques, interactions entre pays, régulations sociales et environnementales, prise en compte des externalités (pollution notamment).

Aucun modèle agricole n'existe ex nihilo. La rentabilité supposée du modèle conventionnel est due à une addition de subventions, des plus visibles (aides européennes) aux plus cachées (prêts bonifiés, non-prise en charge des pollutions de l'eau).

Depuis des décennies, dans le monde entier les politiques de développement de l'agriculture biologique ont intégré cette évidence et visé à compenser les distorsions de concurrence qui la pénalisent. Nonobstant le fantasmatique « marché », l'agriculture biologique doit impérativement être développée en raison de ses bénéfices considérables sur la qualité de l'eau, la vie des sols, la biodiversité, la santé humaine, le climat, etc. Le développement de la bio n'est pas un caprice ou une option : c'est une nécessité vitale pour la planète et pour notre propre survie.

Le gouvernement sortant a fait le choix contraire, au détriment de notre santé, de la biodiversité, du climat et de la paysannerie. Pire encore, il a financé massivement des impostures comme le « label HVE ». Il doit assumer son indignité, ou bien la corriger d'urgence.


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Agir pour l'Environnement

  • Jacques CAPLAT // Coordinateur des campagnes Agriculture et Alimentation